15 mars 2015 7 15 /03 /mars /2015 20:41

Le lendemain du crime

titre original "The morning after"
année de production 1986
réalisation Sidney Lumet
photographie Andrzej Bartkowiak
interprétation Jane Fonda, Jeff Bridges, Raul Julia


La critique de Didier Koch

Dans les années 80, le néo-polar aux images léchées est de rigueur depuis l'arrivée à Hollywood des réalisateurs issus du monde de la publicité (les frères Scott, Alan Parker...). Sidney Lumet, comme quelques autres (Hal Ashby avec "Huit millions de façons de mourir", William Friedkin avec "Police fédérale, Los Angeles", Arthur Penn...), succombera à cette mode alors que depuis quatre ans et le succès critique du "Verdict", il peine à  retrouver les faveurs du public.

 

Le genre déjà codifié initialement l'est encore plus sur son aspect esthétique depuis cette nouvelle tendance. C'est sans doute pour cette raison que Paul Chihara, déjà employé sur "Le prince de New York", nous gratifie d'une musique FM assez "plombante" qui, tout comme le carbone 14, permet de dater presque à coup sûr "Le lendemain du crime".

Du côté de l'image, Andrzej Bartkowiak, qui entame depuis "Les coulisses du pouvoir" une longue collaboration avec Lumet, s'y entend à merveille pour nimber cette enquête vaporeuse des reflets bleutés du ciel californien.

L'emballage étant la vocation première du film, il restait à Lumet, aidé de James Cresson au scénario ("L'étrangleur de Boston", Richard Fleischer, 1968), à trouver une histoire qui tienne debout. C'est la turpitude du monde du spectacle qui va servir de toile de fond à une enquête des plus classiques, où le réalisateur s'attarde volontiers sur la détresse d'une actrice de cinéma sur le déclin (Jane Fonda) qui, après avoir frôlé la gloire, erre seule avec ses tourments et sa bouteille dans un L.A. sans âme. Jane Fonda, épaulé par un solide Jeff Bridges, est tout à fait crédible, connaissant bien les hauts et les bas du star system.

Il est sûr que Lumet a fait beaucoup mieux que ce polar assez formaté, mais il ne faut pas lui daigner le droit de se colleter aux modes du moment pour humer l'air du temps et de s'en imprégner en vue de projets plus ambitieux. Il en fera la démonstration de manière beaucoup plus brillante en 2007 avec "7h58 ce samedi-là" où, à près de 80 ans et pour son dernier film, il se livrera à un exercice de style de haute volée tout à fait maîtrisé.

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